Archéologie

ARUC «Des Tuniit aux Inuits»

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2001-2003

Le projet de recherche « Des Tuniit aux Inuits » a été conduit dans le cadre du programme ARUC (Alliance de recherche université communauté) du CRSH (Conseil de recherche en sciences humaines du Canada). Ce projet visait d’abord l’étude des pétroglyphes de Qajartalik dans le contexte de l’occupation paléosquimaude de la côte sud du détroit d’Hudson. Plus généralement, le projet devait documenter plus en détail l’histoire culturelle du Nunavik.

Arc-en-ciel, fjord de Salluit, près du site archéologique de Tayara, été 2003

Arc-en-ciel, fjord de Salluit, près du site archéologique de Tayara, été 2003

Formation en archéologie pour les professeures du Nunavik, été 2003. Cette formation était intégrée au baccalauréat en Éducation offert par l’Office of First Nations and Inuit Education de l’Université McGill et complémentait parfaitement le projet ARUC.

Formation en archéologie pour les professeures du Nunavik, été 2003. Cette formation était intégrée au baccalauréat en Éducation offert par l’Office of First Nations and Inuit Education de l’Université McGill et complémentait parfaitement le projet ARUC.

Comprendre la colonisation de la rive sud du détroit d’Hudson

Nous cherchions notamment à mieux comprendre les phénomènes qui ont mené à la colonisation de la rive sud du détroit d’Hudson entre Salluit, à l’est, et Quaqtaq, à l’ouest, et comment se sont développées ces populations initiales.

L’arrivée des Dorsétiens

Les circonstances entourant l’arrivée des Dorsétiens constituaient un volet important de ce projet qui demandait des éclaircissements puisque les données récentes ne semblaient plus corroborer les interprétations antérieures. Alors qu’on avait présumé une continuité entre les deux périodes, nous parlons maintenant d’une période d’abandon à la fin du Paléoesquimau [déf.] ancien et d’une recolonisation par les Dorsétiens il y a environ deux mille ans.

Vue de l’aire centrale du site de Tayara, à la fin de l’excavation du niveau 1, vers l’ouest, été 2003

Vue de l’aire centrale du site de Tayara, à la fin de l’excavation du niveau 1, vers l’ouest, été 2003

Extraction des échantillons pour les études de géomorphologie et vue de la stratigraphie, site de Tayara, été 2003

Extraction des échantillons pour les études de géomorphologie et vue de la stratigraphie, site de Tayara, été 2003

Contacts entre les Dorsétiens et les Thuléens

La fin de la période dorsétienne présentait aussi des incertitudes, notamment en ce qui concerne les contacts possibles avec les Thuléens. Ces derniers seraient partis de l’Alaska vers l’an 1000 et auraient très rapidement occupé l’Arctique de l’Est, remplaçant ainsi les Dorsétiens qui semblaient déjà avoir du mal à s’adapter aux changements climatiques. Selon différentes hypothèses, le sort de ces derniers a toujours varié entre deux extrêmes : d’une part, l’extermination des derniers survivants Dorsétiens par les nouveaux arrivants ; d’autre part, l’adoption et l’intégration des derniers Paléoesquimaux à la population thuléenne.

Or, des recherches récentes permettent maintenant de contester cette hypothèse : la théorie voulant que les Dorsétiens aient poursuivi l’occupation de certains territoires au Nunavik, incluant la région de Quaqtaq et de Kangirsujuaq au-delà de l’an 1000, comme l’avait proposé Plumet (1994), est maintenant fortement remise en question. De même, l’arrivée des Thuléens dans ces mêmes régions apparaît maintenant beaucoup plus tardive que nous le pensions, soit vers le XIIIe ou XIVe siècle (voir aussi Park, 2000 ; McGhee, 2000). Dans ces conditions, il semble donc peu probable que les deux groupes aient pu se rencontrer ou cohabiter au Nunavik, comme nous l’avons démontré pour la région de Kangirsujuaq-Quaqtaq.

Groupe d’étudiants au travail, site JfEl-10, été 2002

Groupe d’étudiants au travail, site JfEl-10, été 2002

Tunnel d’entrée d’une maison thuléenne, site JfEl-10, vers l‘est, été 2002

Tunnel d’entrée d’une maison thuléenne, site JfEl-10, vers l‘est, été 2002

Les pétroglyphes de Qajartalik

L’étude des pétroglyphes dorsétiens de Qajartalik a aussi progressé, notamment en ce qui concerne l’état précaire de conservation des gravures et la menace de leur disparition dans un avenir rapproché. Il s’agit d’une entreprise à long terme qui nécessitera beaucoup de travail de recherche et de mise en valeur. Il faudra aussi résoudre la question de la reconnaissance officielle du site par le gouvernement fédéral, une composante cruciale pour en assurer la préservation à long terme.

L’ARUC a permis de documenter les différents aspects du site, notamment la mise au jour par l’excavation des dépôts meubles sur l’un des blocs de zones d’extraction intactes datant de la période dorsétienne. Ces visites ont aussi permis d’augmenter le nombre total de pétroglyphes qui se chiffre maintenant à près de 200.

Vers des recherches multidisciplinaires

Les différents travaux ont ouvert la voie à des projets de collaboration entre archéologues, historiens et divers spécialistes des sciences de la Terre. Cette collaboration a atteint son point culminant avec les recherches sur le site de Tayara (KbFk-7), près de Salluit.

Approche académique originale

C’est aussi à cet emplacement que nous avons amorcé avec un énorme succès les programmes de formation multiple où se côtoyaient des étudiants universitaires, des étudiants inuits du secondaire et des professeures inuites. Ce programme a certainement lancé une approche académique originale et des plus significatives pour les participants.

Contact : Daniel Gendron