Autrefois, le qajaq était l’instrument de survie le plus important. Au printemps, les gens de plusieurs camps se rassemblaient dans un seul campement afin de fabriquer plusieurs qajaqs pour les chasseurs. La journée commençait très tôt, bien avant le lever du soleil. La première étape consistait à ramasser du bois flotté, car il n’y a pas d’arbres au Nunavik. On ne jetait aucun morceau de bois, grand ou petit, puisque le bois servait à fabriquer la structure du qajaq. Toutes les parties de la structure du qajaq doivent être du bon type de bois et taillées au bon angle. Il y a environ mille morceaux dans un qajaq, chacun porte un nom et ils sont tous importants.
Après avoir ramassé le bois, il fallait ensuite se procurer des peaux de phoque pour en recouvrir le qajaq, donc les hommes devaient aller chasser. Les peaux les plus grandes servaient au corps du qajaq. Quand la fabrication commençait, dès le lever, les petites filles devaient assouplir les peaux en les mâchant. Avant de commencer la couture, il fallait faire bouillir les peaux dans un demi-baril, afin d’enlever les poils. La couture des peaux était un travail spécialisé, avec des points spéciaux, il ne devait y avoir aucun trou.
Durant la fabrication des qajaqs, tous les Inuits avaient un rôle à jouer, les hommes, les femmes, et les enfants. Il y avait ceux qui fabriquaient le qajaq, mais aussi les aides, les couturières, les cuisiniers. Les enfants portaient les bébés sur leur dos afin qu’ils ne nuisent pas au travail. Faire des qajaqs était très salissant, et les peaux sentaient mauvais, mais les gens ne s’en souciaient pas car ils ne connaissaient pas autre chose. À cette époque, c’était normal.
Quand tous les qajaqs étaient finis, on sortait des provisions accumulées bien avant la saison des qajaqs, et c’était la fête. Les hommes partaient ensuite en mer pour chasser. En été, les familles se rendaient dans l’intérieur des terres en naviguant de lac en lac et en faisant du portage entre les lacs. On appelle cela ititjaq. Durant ces voyages, qui se prolongeaient pendant toute la saison d’été, le père pagayait le qajaq qui transportait sa femme et ses enfants. Les chiens suivaient sur le rivage, avec les bagages sur leur dos. Les jours étaient paisibles sans le bruit des moteurs.