Par Pierre M. Desrosiers, archéologue, Institut culturel Avataq
Cet été, l’Institut culturel Avataq a continué ses recherches archéologiques sur les îles Hopewell près d’Inukjuak. L’équipe dirigée par Pierre M. Desrosiers assisté de Elsa Cencig était composée de Nally Weetaluktuk et Andrew Epoo, eux aussi employés d’Avataq. À ceux-ci, se sont joints des participants locaux ; Simionie, Alacie et Andy Nalukturuk, Joanie Elijassiapik et Allie Nalukturuk. L’école de terrain comportait 14 élèves du secondaire : Allie Aculiak, Bobby Angnatuk, Moses Idlout, Natalie Echalook, Bobby Elijassaipik, Alec Epoo, Pamela Inukpuk, Sarah Iqaluk, Matiusi Kasudluak, Megan Kasudluak, Tonya Moreau, Eva Nowra et Paulo Palliser. Anne-Marie Lemieux, une étudiante à l’Université Laval était présente pour comparer les données géomorphologiques et archéologiques afin d’étudier l’évolution des habitations dans la région. Elle a mené plusieurs entrevues avec des aînés afin de compléter son travail. La géomorphologiste, Najat Bhiry de l’université Laval était aussi sur les lieux ainsi que Dominique Marguerie de l’Université de Rennes, spécialiste en essence de bois et en dendrochronologie.
Le travail a eu lieu principalement sur le site IbGk-3. Ce campement d’hiver a été fréquenté par les Paléoesquimaux et plus récemment par les Inuits. La structure 1 (une maison semi-souterraine d’hiver) fut l’attrait principal de la fouille. Nos travaux ont permis de mettre un peu plus à jour la structure du plafond qui est constitué de bois et de tourbe. Dans quelques-unes des unités de fouille, il a été possible d’extraire tout le bois afin d’atteindre les aménagements intérieurs en pierre. Étant donné la lenteur nécessaire à la fouille des éléments en bois, nous avons concentré une partie de nos efforts à l’avant de la structure, qui est une zone de rejet, composée essentiellement de restes osseux et de déchets de taille. Plusieurs personnes ont visité notre camp de travail dont les aînés Lucy Weetaluktuk et Adamie Niviaxie qui ont passés une journée sur le site à répondre à nos questions. De manière à comprendre la stratégie d’acquisition du bois et afin de pouvoir dater le bois utilisé pour construire ces habitations, du bois flotté a été prélevé sur les plages des îles avoisinantes afin d’en déterminer l’âge et la provenance. Cela constituera éventuellement un excellent corpus de comparaison. Des sources de pierre environnantes ont aussi été identifiées et échantillonnées, mais aucune nouvelle carrière n’a été trouvée.
La deuxième partie du travail fut d’initier la documentation du site IcGn-8 en collaboration avec Adrian Burke de l’Université de Montréal qui s’est joint à nous pour une dizaine de jours. Nous avons procédé à la cartographie de cette immense carrière ou l’affleurement de siltite a plus de 700m de long. Des amas de taille de la pierre, certains mesurant possiblement jusqu’à un mètre de profondeur, bordent cet affleurement. Plus de 200 percuteurs en pierre ont été répertoriés sur place. Ces derniers ont servis à détacher des parois d’immenses éclats qui furent ensuite transformer en outils.
Finalement, différentes îles ont été visitées afin d’inventorier les sites archéologiques présents. Cela nous a permis de découvrir de nombreux de sites et de répertorier des centaines de structures archéologiques. Dans cette région riche en ressources, les îles furent intensément habitées et plusieurs années de recherches actives seront nécessaires pour mieux documenter l’histoire de la présence humaine depuis 4 000 ans.