Ce module comprend une grande variété d’aspects dont plusieurs s’articulent en lien avec les problématiques environnementales (module environnement) et ethnohistoriques (module ethnohistoire et histoire et module géographie historique) du projet, notamment en ce qui a trait à l’occupation protohistorique et historique du territoire. Cette démarche n’est pas étrangère à une approche ethnoarchéologique qui a été très peu appliquée au Nunavik, malgré des résultats significatifs ainsi obtenus dans l’Arctique de l’Ouest. La validation de cet aspect passera évidemment par les Aînés inuits des communautés concernées. Les thèmes généraux permettront d’approfondir plusieurs thématiques, principalement centrées autour des descriptions technologiques (techniques de fabrication, techniques de construction, techniques de chasse et pêche, etc.). Certaines de ces connaissances et surtout un vif intérêt à leur égard sont encore fortement ancrées chez plusieurs Inuit. En valorisant et en documentant ces savoirs inuits, on peut anticiper qu’il y aura réappropriation par les Nunavimmiut. Encore une fois, les C.C.L. viendront faciliter et valider ces démarches. Il est également à prévoir qu’il se développera ainsi un lien avec une forme dynamique d’ethnolinguistique où le terme deviendra à la fois une donnée archéologique et une donnée géographique et historique. Par cette approche, nous voulons aussi créer une forme d’archéologie sociale qui permettra d’intégrer des histoires d’individus à une vision et une démarche plus traditionnelle de l’archéologie; elle servira également à documenter les développements socio-économiques dans une perspective dynamique.
Les études portant sur les techniques et industries traditionnelles inuites (ou d’origines paléo et néoesquimaudes) couvriront un vaste horizon temporel, des premiers occupants jusqu’à aujourd’hui, l’utilisation et la fabrication de l’outil expriment une identité culturelle spécifique. Par exemple, ces études prendront la forme d’analyses tracéologiques et technologiques destinées à cerner la fonction et les usages des outils retrouvés lors des fouilles archéologiques ou dans des contextes ethnographiques. Ce type d’études comprendra trois aspects qui permettront de cerner les modes d’utilisation des outils : l’aspect empirique et expérimental; l’aspect ethnographique; l’aspect archéologique ou contextuel. Une recherche abordée sous cet angle technique pourra, entre autres, permettre d’étudier le travail des peaux, technique essentielle à l’existence des paléoesquimaux et des Inuit, en visant à retracer le schéma opératoire du traitement des peaux par les femmes inuites à différentes époques historiques. Une étude parallèle documentant les sources d’approvisionnement en matières premières utilisées à travers les époques par les Inuit et leurs ancêtres permettrait de documenter les réseaux d’échange, les schèmes d’établissement et les choix opérationnels effectués par les Inuit et leurs prédécesseurs paléoesquimaux. Ce type d’études peut s’étendre au-delà du cadre archéologique et servir à mettre sur pied des outils de gestion concernant des matières premières intensivement utilisées dans le passé, et dont la disparition doit être évitée si l’on veut sauvegarder les vestiges qu’elles renferment. Nous pensons ici, notamment, aux gisements de stéatite aujourd’hui convoités par les artistes inuits. Ces études faciliteraient l’identification de telles ressources et permettraient de mieux administrer aujourd’hui l’accès à ces sites archéologiques potentiels qui, dans certains cas, pourraient se révéler être d’anciennes carrières. En parallèle à ces études particulières et novatrices en milieu arctique, le module archéologique s’intéressera à des problématiques plus conventionnelles. Parmi celles-ci, les questions relatives à l’arrivée des premiers paléoesquimaux (vers 4 000 ans avant aujourd’hui) et des Inuit (vers le 13e siècle de notre ère), ainsi que la possibilité d’une continuité ou discontinuité entre les groupes paléoesquimaux (pré-dorsétiens et dorsétiens). Ce sera également l’occasion de vérifier s’il y a eu ou non une interaction entre les Dorsétiens et les Thuléens (Inuit). Deux thématiques chaudement débattues parmi les chercheurs travaillant dans l’Arctique de l’Est. À cet égard, le Nunavik contient des éléments de réponse qui divergent de façon significative des interprétations traditionnelles avancées depuis les années 1970 pour la région de l’Arctique de l’Est. Une grande partie des efforts sera aussi orientée vers la documentation de l’histoire récente de l’occupation du territoire, puisqu’il s’agit actuellement d’une problématique particulièrement importante pour les Inuit.
Ces différentes thématiques seront accompagnées d’un volet archéogéomatique qui visera à orienter et optimiser les méthodes d’enregistrement archéologique en utilisant de nouvelles technologies de pointe développées en parallèle avec le projet ARUC. Ces techniques devraient améliorer et faciliter la cueillette des données en permettant leur informatisation dès leur prélèvement du terrain et leur analyse dans un contexte qui permettra d’ajuster les orientations des activités de terrain afin de répondre plus efficacement aux objectifs de la recherche. Des méthodes d’exploration géophysique, rarement utilisées en archéologie arctique, seront aussi mises à profit afin de déterminer précisément les emplacements présentant le meilleur potentiel pour des fouilles archéologiques. La dimension géophysique de la recherche archéologique assure non seulement une saine gestion des ressources archéologiques enfouies, mais permet également une optimisation de la recherche en ciblant les interventions de fouilles.