PUVIRNITUQ signifie « putréfié ». C’est à cet endroit qu’un village complet d’Inuits succomba à la famine un hiver ; il n’y eut aucun survivant pour raconter l’événement. Le printemps suivant, les iglous fondirent, et on retrouva les corps, dont se dégageait une forte odeur de pourriture. Alors on appela cet endroit Puvirnituq pour commémorer l’événement, encore que le nom ne soit pas très adéquat pour un village.
Les premiers Qallunaats n’arrivèrent à Puvirnituq qu’en 1952. C’est vers cette époque que les Inuits commencèrent à vivre dans des maisons. Les matériaux de construction continuent d’y arriver chaque année. Le village de Puvirnituq est en pleine croissance, mais ses habitants ne sont pas tous prospères. Les articles dans les magasins sont de plus en plus chers, et les dettes augmentent
La région de Puvirnituq est plane, la marée y est faible et les courants inexistants, si bien qu’on n’y récolte pas les moules, palourdes ou autres délices de la mer. Comme il n’y a pas de collines, les eaux côtières sont peu profondes et ceux qui ne connaissent pas la région hésitent à naviguer en mer. Mais, certains bateaux partent tout de même. Des signaux lumineux les guident, de sorte qu’ils peuvent regagner le village sans l’aide de guides inuits. Johnny Pov était l’un de ces guides. Il est mort le 14 décembre 1978
Les Puvirniturmiut (habitants de Puvirnituq) parlent leur langue traditionnelle. Très peu d’entre eux parlent l’anglais, mais certains étudient le français. La population inuite de Puvirnituq atteint près de 1000 personnes. Le village compte deux églises, l’une anglicane et l’autre catholique, mais il n’y a pas de prêtre en ce moment. Il y a aussi un hôpital où travaillent trois ou quatre docteurs et une centaine d’employés, inuits ou non-inuits. Le personnel comprend aussi quatre sages-femmes d’expérience ; bien des femmes de la région de la baie d’Hudson se rendent à Puvirnituq pour donner naissance à leur bébé
On trouve à Puvirnituq deux magasins, la coopérative et la Northern, qui ont remplacé la Compagnie de la Baie d’Hudson. Nous avons aussi un musée, où sont exposés les outils traditionnels de nos ancêtres. Il a été inauguré le 31 août 1978 par le ministre des Affaires autochtones de l’époque, Camille Laurin, alors que le Parti Québécois était au pouvoir. Le musée est actuellement fermé pour rénovation [1].
Les habitants de Puvirnituq ont refusé de signer la Convention de la Baie James et du Nord québécois. En 1975, d’autres Inuits se sont précipités à Québec pour conclure cet accord, qui ne fut pas signé sur le territoire du Nunavik.
Voici pourquoi les Puvirniturmiut ont dit non. Ils ne veulent renoncer ni à leurs valeurs ni à leurs terres ancestrales, et ils s’opposent à ce que leur territoire soit utilisé comme lieu de recherche par des gens d’une autre culture. En outre, les Inuits chassent et récoltent leur nourriture sur un territoire terrestre et marin très étendu.
Aujourd’hui, les Inuits s’entendent mieux entre eux et travaillent de concert à la mise en valeur du Nunavik ; mais au temps de la Convention, en 1975, de violentes batailles verbales ont fait rage.
Plusieurs Puvirniturmiut possèdent aussi des attelages de chiens et s’en servent encore. Les Inuits du Nunavik sont heureux sur leur territoire sans arbres, car ils sont libres d’aller chasser où bon leur semble. Ils refusent que leur région soit détruite par le développement, surtout pour l’aménagement de barrages hydroélectriques.
Texte par Taamusi Qumaq (1992)
[1] Malheureusement, le musée a été fermé en juillet 1993 après le décès de Taamusi. Les collections ont été récupérées, mais le bâtiment fut détruit. Avataq et la municipalité entrevoient la possibilité de construire un nouveau site d’exposition pour la collection Saputik.