KANGIRSUK signifie « baie ». On appelle aussi « Majuriarjuaq » le village qui s’étend parallèlement à un grand fleuve.
Les Kangirsumiut vivent dans un territoire de pêche où abonde le poisson, notamment l’omble chevalier de l’Arctique. Dans la baie d’Ungava, la chair de l’omble chevalier est rouge ; ces poissons sont délicieux, très sains et ont une peau épaisse. Du côté de la baie d’Hudson, leur chair est plus pâle car ils se nourrissent de deux variétés de capelans, les ammajait et les quliiligai. Dans la baie d’Ungava, les poissons mangent des ijiligaujarniit (petits poissons translucides aux yeux énormes). C’est donc le régime alimentaire qui explique les différences qu’on trouve au sein d’une même espèce.
Les hommes de Kangirsuk sont si vigoureux qu’ils se rendent à Puvirnituq en motoneige. Traverser l’immense territoire du Nunavik pour se rendre à Kangirsuk ne décourage pas plus les Puvirniturmiut. Un hiver, deux hommes ont fait le voyage en une seule journée. Celui qui habitait Puvirnituq se nommait Qalingu Tukalak et l’autre, qui habitait Kangirsuk, était un jeune homme appelé Itua Kauki. Depuis, personne n’a jamais couvert pareille distance en un seul jour.
L’hiver, les Kangirsumiut pêchent l’omble chevalier au kakivak, à travers la glace. Parfois les femmes utilisent les kakivaks. Dans cette région, les marées se retirent très loin, puis remontent très haut.
Les habitants de Kangirsuk sont très hospitaliers, ils accueillent les visiteurs d’un « ai ! [1] » et leur serrent la main. D’ailleurs tout le monde au Nunavik salue de cette façon ; les visiteurs se sentent les bienvenus. Tous les Inuits de Kangirsuk parlent leur langue traditionnelle, des enfants aux aînés.
Texte par Taamusi Qumaq (1992)
[1] Forme de salutation la plus courante en inuttitut.