Par Charlie Tarkirk
Je viens de vivre une expérience exceptionnelle au pavillon du Canada du XIIIe Congrès international de la viabilité hivernale qui se déroulait au Centre des Congrès de la ville de Québec, du 8 au 11 février dernier. Les participants ont paru impressionnés par l'inukshuk que j’ai érigé sur place avec la collaboration du sculpteur Laurent Gagnon.
Avant de procéder à l’empilement qui allait donner naissance à cet inukshuk, il a d’abord fallu choisir les pierres dans une carrière en banlieue de Québec, ce qui fut réalisé pendant les semaines précédentes. Par la suite, le matériel fut transporté jusqu’à la salle d’exposition. Une fois sur le site, chaque pierre fut nettoyée. Pour cette dernière étape, avant l’assemblage de l’inukshuk, nous avons procédé sur des bâches de polyéthylène afin de ne pas salir le tapis de la salle d’exposition. Dans l’ensemble, toute l’opération s’est bien déroulée !
Après avoir créé l’inukshuk, je devais faire l’animation en expliquant ses multiples significations et fonctions, ce qui manifestement intéressait beaucoup le public. Également, je voulais montrer des kamiik (bottes), un amautik (parka de femme) et même des uluit (couteaux à lame de forme semi-lunaire) que j’avais apportés dans mes bagages ; quoi que les organisateurs de l’événement souhaitaient que je me limite à montrer et décrire l'inukshuk. Il est vrai que le thème central du congrès portait sur les solutions visant à harmoniser en contexte hivernal l’utilisation et l’entretien des réseaux routiers. L’inukshuk y figurait en tant que symbole d’une balise ou d’un indicateur marquant une direction à suivre. Je dois dire que les visiteurs, dont certains venaient d’aussi loin que le Japon, la Chine ou même la Corée, étaient particulièrement fascinés par tous les objets inuits, ce qui ne les empêchaient pas d’apprendre à quels usages étaient destinés les inukshuit (pluriel d’inukshuk). Suite à la cérémonie d’inauguration, le ministre fédéral des Transports, John Baird, s’est arrêté devant l'inukshuk et il m’a adressé la parole car, comme les autres congressistes, lui aussi manifeste de la curiosité à propos de notre culture.
À divers moments, j'ai également mentionné le rôle de l’Institut culturel Avataq par rapport à la préservation de notre culture traditionnelle et l’inuktitut, notre langue. Je pense que, dans l’ensemble, tout fut très bien. Avec le recul, je constate qu’une prochaine fois, j'apporterai plus d’outils promotionnels pour mieux faire connaître Avataq.
J'ai beaucoup apprécié tous les aspects de cette expérience. À mon avis, le fait de présenter un inukshuk dans un congrès de cette envergure, cela est excellent parce que, pour les Inuits, l'inukshuk servait et sert encore de points de repère. En quelque sorte, ils tracent nos « autoroutes » puisque, généralement, ils désignent un chemin ou une destination. D’ailleurs, dans le futur, les Nunavimmiuts aimeraient sans doute eux aussi développer un réseau routier qui réunirait entre elles toutes les communautés du Nunavik. On pourrait alors voyager plus aisément d'un village à l'autre. C'est pour cette raison et bien d’autres que la tenue de congrès comme celui-ci portant sur les routes et les transports en hiver est importante, même pour les Nunavimmiuts. Également, le fait d’avoir montré un authentique inukshuk, l’un de nos symboles culturels parmi les plus significatifs, est en soi un événement important, car il permet à notre culture de rayonner, ce qui contribue à la garder toujours vivante.
Je veux remercier M. Louis Gagnon et M. Laurent Gagnon pour cette belle aventure qu’ils m'ont permis de vivre. Merci du fond de mon coeur!
Charlie Tarkirk